Le portrait sensible de Bach par Astier

Je sais que ce n'est pas dans le thème de mon blog, que je m'égare un peu, mais voilà : j'ai toujours suivi les épisodes de Kaamelott et les interventions d'Alexandre Astier à la télévision me font toujours chaud au coeur - parce qu'un peu de présence d'esprit ne fait pas de mal dans le paysage audio-visuel... Et j'ai eu la chance, ce jeudi, de pouvoir voir Alexandre Astier au Théâtre du rond-point où il interprète jusqu'à 13 mai "Que ma joie demeure", dont il est aussi l'auteur. Et je me suis tellement régalée que je ne peux pas m'empêcher de venir vous en parler, là, maintenant, tout de suite.

Que ma joie demeure c'est, à l'origine, une cantate composée par Jean Sebastien Bach et qui est considéré encore aujourd'hui comme l'un des plus grand chef-d'oeuvre de la musique baroque.
Bref, ça en jette un peu.

Astier, grand admirateur de Bach, a montré plus d'une fois son désir d'interpréter ce musicien illustre et c'est aujourd'hui chose faite puisque Que ma joie demeure est pour lui l'occasion de revêtir perruque, collants et souliers autour d'un clavecin et d'une viole de gambe. Ce spectacle c'est un cours de musique ouvert à tous, mais surtout aux gueux qui viennent dans la Chapelle Saint Thomas se réchauffer les miches et qui se retrouvent face à un Jean Sebastian Bach passablement bougon. Ambiance. 

Que ma joie demeure c'est le portrait sensible d'un musicien de génie, dont les oeuvres ont traversé les siècles en laissant de leur compositeur une image assez idéalisée du Luthérien fanatique de contrepoint et de travail. Or Bach, c'est aussi un père marqué par la perte de ses enfants (sur 20 enfants nés, seuls 10 pourront atteindre l'âge adulte...), un homme qui recherche une solution "miracle" à une maladie mystérieuse (sans cause, mais avec de grandes conséquences, sur sa "joie" de vivre notamment). Au regard de Kaamelott on peut aisément comprendre qu'Astier fasse de Bach ce personnage autoritaire, parfois bien prétentieux, mais surtout assez sombre. Que ma joie demeure c'est un titre assez ironique : pour que la joie demeure, déjà faut-il l'atteindre, la trouver.

Même si le sujet est, au fond, bien sérieux, l'humour reste présent tout au long du spectacle. On peut notamment souligner le puissant jeu de rythme - ce n'est pas un hasard après tout si Alexandre Astier incarne Bach, un des maîtres du rythme musical. Sur un fond de biographie se glissent des "sketchs", qui rappelleront parfois Kaamelott, mais dont on a surtout la sensation qu'ils arrivent toujours pile au moment. 

On est ému, on rit, on est soufflé par les interprétations musicales d'Alexandre Astier... C'est un spectacle vivant, toujours profond, mais surtout très fin et subtil, inspirant. J'ai toujours en tête l'intervention d'Astier dans l'émission de Morandini, où on se rend compte que finalement, ce qu'Astier souhaite voir à la télévision (des choses qui permettent de nous "inspirer", voir des gens qui sont, par certains côté, "au dessus de nous", qui nous apportent quelque chose - y compris du rire, mais pas le rire idiot et bouffon, l'autre rire, le rire important) c'est ce qu'il réalise lui-même en tant qu'acteur. Une sorte d'accomplissement, en somme. Enfin, je laisse Astier parler.


Alexandre Astier sera en "tournée" en France, dans plusieurs salles mais je crois que toutes ne sont pas encore annoncées. Vous aurez plus d'information en vous rendant sur http://astierandco.fr/